L'obtention de droits de coupe sur les Terres de la Couronne et sur des terres privées par des entrepreneurs locaux mène au développement de l'industrie du bois de sciage dans la région. Noé et Zacharie Fontaine sont les premiers de la région à obtenir, en 1936, une licence de coupe sur les Terres de la Couronne, soit dans le canton de Hanlan. Cette acquisition mène à l'aménagement du moulin à scie de la Passe-à-Fontaine ainsi que la construction des camps et autres bâtiments nécessaires.
Moulin Fontaine à la Passe-à-Fontaine
(Collection de l'Écomusée de Hearst et de la région;
photo gracieuseté de M. René Fontaine)
En 1938, Adélard Haman obtient des droits de coupe dans le canton de Stoddard et bâtit un moulin à scie à Carey Lake. Peu de temps après, Arthur Lecours y aménage aussi une scierie et un planeur (usine de rabotage), qui sont vendus en 1944 à Ernest Gosselin.

Certains entrepreneurs négocient l'obtention de droits de coupe auprès de compagnies qui récoltent du bois de pulpe dans la région. Rosaire Lecours (frère d'Arthur, couramment appelé Fred), achète des droits de coupe de la compagnie américaine Arrow Timber dans le canton de Studholm et bâtit, en 1942, un moulin à scie à Angelina Lake (en face de Forde Lake).

D'autres ont des droits de coupe sur les cantons privés de la compagnie Transcontinental Timber (achetés par Domtar dans les années 70). C'est le cas de Willie Létourneau qui vend son moulin à scie à la rivière Kabina à J.D. Levesque en 1948. 

Moulin de J.D. Levesque à la rivière Kabina en 1955
(photo gracieuseté de Mme Rita Lecours)
La même année, un entrepreneur d'origine suédoise, Henry Selin, établit une scierie et un village forestier au lac Nassau, après avoir obtenu d'importants droits de coupe sur les cantons privés de Transcontinental Timber.

Selin et Levesque n'avaient pas réussi à obtenir de droits de coupe sur les Terres de la Couronne, les représentants du département des Terres et Forêts invoquant l'insuffisance de bois en raison de l'exploitation des compagnies exportatrices de bois de pulpe. 

À la suite du lobbying politique auprès du gouvernement conservateur au début des années 50, J.D. Levesque obtient une licence de coupe dans le canton de Ritchie, ce qui mènera à l'aménagement de son moulin à scie à cet endroit en 1953. 

Les premières concessions forestières obtenues par des entrepreneurs de bois de sciage sont de petite taille et la viabilité des entreprises est précaire. Par exemple, J.D. Levesque a une licence de coupe de 9 000 cordes de bois par année pour son moulin du Ritchie. (Extrait d'entrevue avec Roland Cloutier, juillet 2005.) C'est peu pour financer la construction et l'entretien d'une route et d'un village forestier. Aussi, les petits entrepreneurs ne peuvent obtenir de prêt dans une institution bancaire. Ils sont financés par les grossistes du sud de l'Ontario qui leur offrent des avances sur l'achat du bois, mais qui se gardent de bonnes marges de profit.

Au début, principalement en raison d'un approvisionnement insuffisant de bois, la plupart des scieries fonctionnent uniquement de facon saisonnière. Le moulin Fontaine à Ryland est en marche l'hiver, celui du Lac Ste-Thérèse, l'été. Les scieries Levesque à Kabina et au Ritchie fonctionnent seulement l'hiver durant cette période. Leur production saisonnière est d'environ 15 millions de pieds de bois. En comparaison, le moulin à scie Selin, qui dispose d'un approvisionnement en bois suffisant pour opérer à l'année, produit environ 25 millions de pieds de bois en 1952. (Extrait d'une publication intitulée Serving the North, Novembre 1952).

Pour augmenter leurs revenus, les propriétaires de moulins à scie transforment les billots de petite dimension en bois de pulpe qu'ils vendent aux compagnies de pâtes et papier. 

Par ailleurs, les compagnies de bois de pulpe s'impliquent aussi dans la production de bois de sciage, dans les années 40 et au début des années 50, afin de transformer les billots de grande dimension. Par exemple, la compagnie Marathon Paper Mills demande à des gens de la région d'installer et d'opérer des moulins à scie sur leurs concessions forestières. Philippe Buteau, Albert Dupuis, Wilfrid Lallier et Henri-Louis Gosselin opèrent de tels moulins à scie, étant payés au mille pieds de bois produit. De son côté, la compagnie de bois de pulpe Canada Forwarding achète les concessions forestières et le moulin à scie de Adélard Haman à Carey Lake (vers 1945) et l'opère jusqu'en 1948, alors qu'elle quitte la région à la suite d'une décision du gouvernement ontarien d'interdire l'exportation de bois de pulpe brut à l'extérieur de l'Ontario. Le gouvernement oblige à ce moment les compagnies à transformer le bois dans le but de créer plus d'emplois au niveau local. Certaines compagnies se mettent à écorcer le bois avant de l'expédier, mais c'est difficilement viable.

Les compagnies de bois de pulpe quittent donc graduellement la région. Leur départ marque un point tournant dans l'histoire de la région de Hearst, car les entrepreneurs de bois de sciage ont dorénavant accès à du territoire de coupe. À partir de ce moment, l'industrie du bois de sciage peut prendre de l'expansion et devenir le moteur économique de la région de Hearst.


     

 
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