Au cours de cette période, les entreprises familiales de bois de sciage de la région prennent de l'expansion et plusieurs changements s'effectuent dans l'industrie. 
Un article du journal «Serving the North» soulignant le développement de
Selin Forest Products (novembre 1952)
L'entreprise qui connaît la croissance la plus rapide est Henry Selin Forest Products au lac Nassau. Elle opère principalement sur les cantons de la compagnie Transcontinental Timber. 
Bénéficiant de droits de coupe sur de vastes territoires, la compagnie atteint à la fin des années 50 une production annuelle de près de 50 millions de pieds de bois par année, ce qui, aux dires de plusieurs, en faisait la plus importante scierie de bois mou à l'est des Rocheuses. La compagnie embauche des centaines de travailleurs et compte sur plus de 200 chevaux, avant l'introduction des débusqueuses sur roues dans les années 60. 

La compagnie construit des routes en forêt, ce qui permet la coupe et le transport du bois l'été comme l'hiver. Elle introduit aussi les pelles mécaniques, ainsi que des tracteurs et des camions d'une plus grande capacité. 

De leur côté, les autres entrepreneurs de bois de sciage de la région réussissent à accroître leur production grâce à une augmentation de leur approvisionnement en bois. En plus de leurs droits de coupe sur les Terres de la Couronne, ils achètent ceux de compagnies de pulpe et du bois de contracteurs ou de colons. Ainsi, les moulins à scie Levesque de Kabina et du Ritchie réussissent à fonctionner pendant les quatre saisons à la fin des années 50 et au début des années 60. 

Par ailleurs, une nouvelle génération d'entrepreneurs s'impliquent dans l'industrie, dont René Fontaine, les frères Levesque, les frères Lecours et les frères Gosselin. À la fin des années 50, les entrepreneurs locaux se regroupent et forment le "Hearst Lumbermen Association ". René Fontaine raconte la création de cette association : "Le premier meeting a eu lieu un dimanche après-midi, chez Selin. On voulait un rabais du CN (à cette époque, plus de 90% du bois fini était acheminé par chemin de fer). On l'a eu. Après cela, on a continué à se rencontrer une fois par mois. On allait souper chez Levesque, Selin, chez-nous, chez Gosselin, chez Lecours et on faisait des meetings. On a commencé à se faire confiance." (Extrait d'entrevue avec René Fontaine, juin 2005.) 

M. Roland Cloutier préside cette association pendant plus de 30 ans. Elle permet aux propriétaires et gérants des compagnies de discuter de sujets d'intérêt commun et d'améliorer leur sort collectif. Voyant les bénéfices d'un tel regroupement, l'association décide plus tard de communiquer avec les autres propriétaires de scieries en province et une rencontre se tient à Hearst en 1965, à la suite de laquelle on forme, l'année suivante, l'Ontario Lumber Manufacturers Association (L'OLMA). 

M. Roland Cloutier
M. Cloutier était aussi un des partenaires dans United Sawmill Limitée
(photo gracieuseté de M. Roland Cloutier)

À la fin des années 50, les entrepreneurs locaux de bois de sciage discutent de la production de copeaux devant être vendus aux usines de pâtes et papier et de l'aménagement d'une usine de contreplaqué utilisant le tremble. 

Yvon Levesque laisse donc le domaine du bois de sciage et se lance dans le projet d'une usine de contreplaqué. En 1960, son frère Hervé et lui forment la compagnie Levesque Plywood et construisent l'usine qui connaît un vif succès et une expansion rapide. 

La fabrique de feuilles de contreplaqué chez Levesque Plywood
(Collection de l'Écomusée de Hearst et de la région; 
photo gracieuseté de M. Denis Robinson)

Par ailleurs, la compagnie Selin est la première dans la région, et probablement une des premières en Ontario, à installer, au début des années 60, un écorceur et un "chipper" pour produire des copeaux à partir des rebus de bois de la scierie. Les copeaux se vendent à faible prix au début, mais les revenus augmentent graduellement. Les scieries continuent toutefois à vendre du bois de pulpe. 

Puisque le courant électrique est nécessaire pour opérer un "chipper", les autres propriétaires de scieries fonctionnant à vapeur se voient forcés de construire de nouvelles scieries fonctionnant à l'électricité. 

Ainsi, au début des années 60, les familles Lecours et Gosselin aménagent de nouvelles scieries à Calstock. J.D. Levesque fait de même à Hearst en 1962, suivi de René Fontaine en 1964. 
 
Un camion rempli de planches prêtes à être livrées au consommateur
(photo provenant de l'album souvenir de la Paroisse Notre-Dame de l'Assomption, 1969)

Peu de temps après l'ajout de "chippers" dans les moulins à scie, on commence à couper et à transporter des billots en longueur. On peut ainsi produire davantage de copeaux dans les scieries et éliminer beaucoup de résidus de bois en forêt. 

L'aménagement de nouvelles scieries et usines, la mécanisation des opérations forestières et la syndicalisation sont tous des facteurs qui influent sur les conditions de travail de cette période. 

En 1968, le Hearst Lumbermen Association fonde Claybelt Lumber, une entreprise indépendante de vente en gros, qui achète du bois à la fois de scieries locales et de l'extérieur, comme de l'Abitibi. Elle joue un rôle important dans l'obtention d'un meilleur prix pour le bois. 

À la même époque, l'OLMA crée aussi une agence de classification du bois afin de créer des normes uniformes de qualité, ce qui permet aux entrepreneurs de bois de sciage d'éliminer de nombreux problèmes avec les clients et d'assurer de meilleurs revenus. 

Ces initiatives viennent un peu trop tard pour la compagnie Henry Selin qui éprouve, au milieu des années 60, des problèmes financiers qui mènent à sa fermeture en 1970. Les droits de coupe de la compagnie sur les terrains de Transcontinental Timber sont rendus disponibles aux autres entreprises de bois de sciage, contribuant à leur consolidation.


     

 
«Ce projet bénéficie du soutien du gouvernement de l'Ontario, par l'intermédiaire de la Direction du patrimoine et des bibliothèques du ministère de la Culture
Nous désirons remercier le ministère de la Culture par l'intermédiaire des Fonds pour le développement stratégique des bibliothèques (FDSB) pour la réalisation de ce projet.
 
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