L'ouverture de la région entraîne un besoin en bois de construction. Certains des premiers venus établissent rapidement de petites scieries qui produiront du bois utilisé pour la construction de maisons, granges, églises et écoles. Les premières scieries opèrent dans la région de Hearst avant le début des années 20. Selon l'abbé Zoël Lambert, arrivé à Hearst en 1920 : "Le premier moulin par ici était installé à McManusville (quartier St-Pie-X) par le vieux Simmons. C'était un moulin opéré par un seul homme. Le vieux Simmons était propriétaire, scieur et tout le reste. Ça fournissait un peu de bois." (Extrait d'entrevue avec Mgr Zoël Lambert, Le Nord, 1er septembre 1976.) 

De son côté, Adélaïde Duguay rappelait dans une entrevue au journal Le Nord en 1977 que son mari, Charles, avait travaillé au moulin McMechen, peu après leur arrivée à Wyborn (Hazel dans le temps), soit l'été de 1915. (Extrait d'entrevue avec Mme Adélaïde Duguay, Le Nord, 6 juillet 1977)

D'autres petites scieries opèrent pendant les années 20, 30 et 40 dans les régions de Wyborn, Jogues, Halléwood (Hallébourg), Ryland, Lac Ste-Thérèse et Mattice (cliquez ici pour voir la liste des moulins à scie). Plusieurs de ces moulins à scie fonctionnent grâce à des moteurs à vapeur, activés par une chaudière d'eau en ébullition, chauffée en brûlant du bran de scie. Les moulins sont souvent situés au bord de cours d'eau afin d'alimenter la chaudière et pour faciliter le transport des billots. D'autres petites scieries fonctionnent avec des moteurs de tracteurs.

Ces petits moulins à scie sont en marche de quelques semaines à quelques mois par année, au printemps ou à l'été, et n'emploient qu'un petit nombre de personnes, généralement les membres de la famille. Durant la période de sciage, les gens travaillent ordinairement 10 ou 12 heures par jour, souvent six jours par semaine.

Moulin Doucet à Jogues en 1924
(Collection de la Ville de Hearst; photo gracieuseté de l'Évêché de Hearst)
Les propriétaires des moulins prennent le bois sur leurs terres et en achètent des colons.  Plus tard, une partie de la récolte proviendra des Terres de la Couronne grâce aux permis de colons, en vertu desquels ceux-ci coupent généralement 100 cordes de bois par hiver.

Des colons apportent des billots aux moulins pour obtenir du bois de construction, comme l'indique Albert Dupuis, qui a travaillé au moulin de son père Cléophas, à Mattice, dans les années 20 et 30. 

"Le bois qu'on sciait servait à bâtir les colons. Ils coupaient leur bois, l'apportaient au moulin puis nous autres, on le sciait. Dans le temps, on chargeait huit piastres du mille pieds. Le moulin est une chose qui était bien bonne pour les colons. Ça les a aidés beaucoup à se bâtir." (Extrait d'entrevue avec Albert Dupuis. Gens de Chez Nous, Tome 1, page 130.) 

Le moulin Dupuis à Mattice, situé au bord de la rivière Missinaïbi
(photo gracieuseté de la Société historique)
Les propriétaires des petites scieries de la région n'ont pas de droits de coupe sur les Terres de la Couronne (Noé Fontaine sera le premier à obtenir une licence en 1936). Les licences de coupe sont accordées, sur de vastes territoires, à des compagnies de bois de pâtes et papier. À l'époque, les représentants gouvernementaux affirment que les grosses compagnies doivent pouvoir compter sur d'immenses réserves de matières ligneuses. C'est d'ailleurs cette raison qu'on invoque pour refuser aux petits entrepreneurs locaux les concessions qu'ils réclament. 

Même sans ces licences de coupe, certains propriétaires de petites scieries font du commerce dans les années 30. C'est le cas, par exemple, de Noé et Zacharie Fontaine à Mattice et de la famille Bolduc à Ryland.

Établis à Mattice en 1934, Noé et Zacharie Fontaine achètent leurs billots des colons ou en obtiennent en échange de bois de construction (troc). Voici un exemple de troc avec la famille Nolet de Mattice, dont la maison vient de brûler. M. Simon Nolet explique : "Au cours de l'hiver, nous avons eu de l'aide pour couper des billots. Fontaine nous a offert de couper et de charrier les billots. On lui repayait le sciage et le planage avec du bois." (Extrait d'entrevue avec Simon Nolet, Témoins de notre histoire, p. 109.)

Les Fontaine vendent du bois à l'extérieur, notamment à la compagnie Feldman Lumber de Timmins, à des compagnies minières de cette ville et, par la suite, à des grossistes du Sud. La famille Bolduc vend du bois de son moulin à scie de Ryland à l'entreprise Guénette de Kapuskasing et à des acheteurs du sud de l'Ontario.

Au cours de la deuxième moitié des années 30, certains propriétaires de petites scieries, comme Noé Fontaine, Adélard Haman et Arthur Lecours, réussissent à obtenir des licences de coupe sur des Terres de la Couronne, ce qui leur permet de prendre de l'expansion. Les autres petites scieries cessent graduellement d'opérer.

 

     

 
«Ce projet bénéficie du soutien du gouvernement de l'Ontario, par l'intermédiaire de la Direction du patrimoine et des bibliothèques du ministère de la Culture
Nous désirons remercier le ministère de la Culture par l'intermédiaire des Fonds pour le développement stratégique des bibliothèques (FDSB) pour la réalisation de ce projet.
 
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